LE MOUVEMENT INTERNATIONAL D’APOSTOLAT DES
ENFANTS ET DES ADOLESCENTS EN ACTION
2. CONVICTIONS ET OBJECTIFS DU MIDADE
A) Organisation générale
Le MIDADE est un mouvement d’enfants : c’est-à-dire qu’il se compose, d’une part, d’enfants et de préadolescents qui sont membres d’un groupe, et, d’autre part, d’accompagnateurs (adultes ou jeunes) à divers niveaux : local, diocésain, national et international.
Chaque mouvement adhère au Mouvement International d’Apostolat Des Enfants, tout en gardant ses structures et caractères propres à son pays.
Le mouvement accueille tous les enfants quelle que soit sa culture, sa religion, sa situation sociale et économique.
Comme à son origine, tout commence à partir d’un groupe d’enfants que ce soit au niveau de la rue, du quartier ou du village.
Ces enfants se réunissent en général à partir de la proposition d’un copain ou d’une copine et aussi à partir de la proposition d’un adulte qui connait d’autres groupes et la pédagogie du mouvement.
Souvent ils existent déjà sous forme de groupes naturels, copains de quartier, d’école…
On leur propose de se réunir plus officiellement, en tant que groupes pour vivre quelque chose entre eux, jouer, partager ce qu’ils vivent, organiser des fêtes etc. Parfois des groupes naissent à l’invitation des revues éditées par le mouvement national. Le groupe
se met en relation avec d’autres groupes et un accompagnateur du mouvement - souvent
2 Relectures actualisées de l’encyclique Populorum progressio. Les cahiers de « Développement et civilisations »,
septembre 2008
3 Le MIDADE est composé aujourd’hui de 46 mouvements nationaux
6 un aîné qui a des relations naturelles avec les enfants afin de mieux comprendre lesobjectifs. En général les enfants du groupe ou du club se réunissent une fois par semainepour jouer et partager entre eux ce qu’ils vivent, en famille, à l’école ou dans le quartier.
L’accompagnateur est là pour cheminer avec eux, les encourager dans leurs idées et les souhaits du groupe, il les aide à réaliser leurs activités ou leurs actions.
B) Convictions et objectifs
Le MIDADE est un mouvement d’enfants, pour les enfants : il n’existe que par eux.
Ensemble ils échangent leurs expériences, ils agissent, ils sont enracinés dans la vie d’un peuple où ils partagent leur foi. C’est ainsi un mouvement d’évangélisation, dans lequel les enfants approfondissent et expriment leur foi à partir de leurs propres expériences.
• Sa vision de l’enfant.
L’enfant est une personne, un sujet à part entière et non un objet manipulable.
Malgré la convention des droits de l’enfant, dans beaucoup de pays, l’enfant n’est pas respecté et reconnu en tant que personne capable. Seul compte ce qu’il pourra et devra faire plus tard, il est là uniquement pour apprendre. Ainsi, nous aboutissons à des situations où l’enfant est un objet qu’on utilise pour assouvir les besoins de certains adultes ;
- dans certains pays du monde, l’enfant est au service de l’adulte;
- dans d’autres on l’utilise en fonction des impératifs économiques, sociaux et politiques ;
- dans d’autres il doit travailler afin d’assurer sa survie ;
- il est utilisé par la société de consommation à des buts commerciaux.
Face à ces situations les convictions du MIDADE sont :
- que l’enfant est une personne qui doit être respectée et prise en compte ;
- qu’il a sa manière propre de communiquer, d’agir même si son expression est parfois limitée ;
- que sa capacité d’imaginer lui permet de découvrir le monde et de le connaître afin de mieux le dominer ;
- qu’il est capable de créer, d’agir, de prendre des initiatives à sa manière et avec ses propres possibilités.
L’enfant n’est pas le disciple de demain mais le disciple d’aujourd’hui.
Malgré les avancées depuis le Concile Vatican II, l’éducation de la foi ne prend pas encore suffisamment l’enfant au sérieux. En lui elle ne voit que le croyant de demain, aujourd’hui il est uniquement celui à qui on doit donner une éducation religieuse.
Le MIDADE affirme que les enfants sont capables d’êtres de véritables disciples de Jésus-
Christ, car la foi ne se base pas uniquement sur l’accumulation de connaissances mais sur la force vitale intérieure de la personne.
L’enfant est capable d’une action apostolique authentique, et participe à la construction de l’Eglise à travers sa vie et son action.
Pour le MIDADE, l’enfance ne constitue pas seulement une étape qu’il faut passer, mais une force vitale et dynamique, qui permet la transformation permanente.
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Par cette action transformatrice des enfants, le MIDADE souligne son rôle original dans la mission universelle de l’Eglise.
• Sa vision du Mouvement
Le MIDADE est, comme son nom l’indique, un « mouvement » : c’est-à-dire quelque chose qui bouge, qui est en mouvement. Il est constitué de groupes d’enfants qui se stimulent pour progresser, créer un courant qui met le monde en marche.
Ce sont les enfants qui sont sa force et sa vitalité…
- Le MIDADE est un mouvement d’enfants, pour les enfants
- Le MIDADE est un mouvement apostolique
Le mouvement se réalise par les actions des enfants :
- Les enfants s’organisent entre eux, s’expriment librement, créent leurs groupes, et leurs lois, inventent leur propre mode de vie, ils se mettent sur une voie, c’est-à-dire en mouvement.
Le mouvement valorise la vie naturelle de l’enfant :
- Il lui offre des occasions de jouer, de s’exprimer, se raconter afin de manifester ses qualités et ses talents personnels.
Le mouvement est le moteur de la transformation de leur vie :
- Il les appelle à réagir aux événements qu’ils vivent
- Il les aide à s’exprimer
- Il les aide à mener des actions qui transforment leur vie et la vie de leurs copains, copines.
Par le mouvement les enfants participent à la mission de l’Eglise et prennent part à son action missionnaire par une invitation permanente d’enfants à d’autres enfants, de groupes à groupes, de pays à pays à se lever et prendre leur vie en main comme le
demande Jésus-Christ.
C) La pédagogie du mouvement
Les enfants prennent l’initiative d’une action, de petites actions suivant leurs possibilités.
En agissant ainsi, les enfants répondent à une nécessité concrète : améliorer leur vie.
Le mouvement a pour rôle de stimuler leurs actions, leurs initiatives, leur imagination et leur enthousiasme à travers divers moyens qu’il leur propose.
En agissant ensemble ils se transforment les uns les autres, ils deviennent responsables d’eux-mêmes.
A travers les communautés d’enfants, le MIDADE dynamise leur action apostolique : grâce
à lui, les enfants participent aux rencontres de leur communauté paroissiale, diocésaine, nationale et internationale.
Dans de nombreux pays, des enfants de cultures ou de religions différentes se retrouvent en communauté.
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3. LE MIDADE EST ACTEUR D’UN MONDE
PLUS JUSTE
PLUS PACIFIQUE
PLUS SOLIDAIRE
Cette présentation du MIDADE peut paraître trop détaillée, cependant la réalité de ce mouvement est bien plus complexe…Néanmoins elle est nécessaire à la compréhension du contenu de ce sigle afin de nous permettre de mieux comprendre comment il a permis à des enfants et des adolescents d’apporter leur pierre dans la construction d’un monde plus juste, plus pacifique et plus solidaire.
Nous allons maintenant dégager les grandes lignes d’actions du MIDADE qui a su instaurer à travers elles un nouveau style de relations entre les générations et représenter pour la société une opportunité, où des enfants, des adolescents, des responsables du mouvement ont eu un rôle d’interpellateurs face à la famille, à l’école, aux politiques d’éducation et aux politiques sociales.
A) Du local au national
Par des dessins, poèmes, chants, théâtres, mimes, les enfants expriment leur
aspiration profonde à la justice, la solidarité, à la Paix.
Quelques initiatives d’actions :
- Dans un club du Sri Lanka : des filles de 8 à 9 ans doivent trier tous les jours, dans la famille, le riz destiné à être consommé. C’est une tâche longue et assommante. Elles décident de s’organiser pour travailler ensemble et s’aider mutuellement. « Ce fut l’occasion de nous retrouver pour jouer, rire, discuter et d’être ensemble »
- Dans un club en Afrique : « nous jouions au football avec une boule de chiffon. Cela n’était pas très pratique et nous décidons d’acheter un véritable ballon. Pour cela nous décidons de mettre une caisse commune où chacun de nous peut déposer de l’argent selon ses possibilités. Lorsque nous avons la somme nécessaire pour l’achat du ballon, nous nous sommes mis à discuter pour savoir qui pourrait jouer. Nous avons décidé de laisser jouer tous ceux qui le désiraient, pas seulement ceux qui avaient participé à l’achat du ballon.»
- Plusieurs clubs dans la ville de Potosi (Bolivie). Des groupes entreprennent d’adresser une lettre au Président de la République pour l’informer qu’ils sont obligés d’aller travailler dans les mines d’étain avec leurs parents pour avoir un revenu qui leur permette de survivre et qu’ils ne peuvent pas aller à l’école. »
- Dans un club en Europe : « On était 6 dans notre danse, mais de différentes nationalités ; 2 algériennes, 2 françaises et 2 comoriennes. Nous avons fait cette danse pour montrer la richesse de nos pays.»
Là où ils sont, les enfants dénoncent la violence sous toutes ses formes : guerre, répression, coups reçus à l’école…
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Ils agissent en faveur de la réconciliation entre enfants, entre familles.
Ils participent à l’organisation du quartier, s’insèrent dans le dynamisme des adultes.
Ils mènent beaucoup d’actions dans le domaine de l’environnement :
- Demandes d’aménagement des terrains de jeux ;
- Démarches pour obtenir des locaux, des terrains de sport ;
- Actions dans la propreté, nettoyage du quartier ;
- Affirmation de leurs droits face aux adultes ;
- Plantation d’arbres dans certaines régions d’Afrique ;
- Actions pour la santé, vaccination, centres de soins, solidarité avec les enfants handicapés.
B) Du national à l’international
Le MIDADE est reconnu en 1972 comme Organisation internationale catholique
(OIC) par le Vatican. Cette reconnaissance a des répercussions dans sa mission auprès des enfants et des adolescents dans les Commissions épiscopales des différents pays où il est présent.
A travers les actions des enfants un nouveau visage d’Eglise se fait jour particulièrement dans le dialogue interreligieux.
Le mouvement égyptien est dans ce domaine l’un des pionniers dans ce dialogue interreligieux en reconnaissant et en acceptant des accompagnateurs musulmans dans les équipes de base et dans l’équipe nationale.
En 1979, durant l’année Internationale de l’Enfance, le MIDADE insiste pour que chaque mouvement intensifie ses efforts afin que les enfants soient réellement les partenaires actifs dans leur propre éducation et deviennent acteurs de leur propre développement.
« Au Sénégal, le mouvement participe aux Etats Généraux de l’éducation. Les enfants scolarisés parlent de leur problèmes ».
Cette insistance auprès de chaque mouvement membre du MIDADE porte petit à petit des fruits. Plusieurs mouvements nationaux organisent des rencontres nationales d’enfants, l’Amérique Latine est pionnière en ce domaine. Actuellement cinq mouvements -
Venezuela, Bolivie, Chili, Pérou, Brésil - ont une équipe nationale d’enfants et depuis
2007 une commission régionale a été mise en place avec un délégué par pays.
Cette commission d’enfants et d’adolescents a participé d’une manière active lors de la rencontre Internationale de 2008 au Chili, son rôle et sa place sont reconnus officiellement dans les nouveaux statuts du MIDADE4.
En 1986 le mouvement consacre une partie de sa rencontre internationale à la dure réalité des enfants travailleurs.
« Au Pérou les enfants travailleurs se sont organisés pour revendiquer le droit à l’instruction comme les autres enfants. Une école expérimentale a été mise en place, en lien avec des accompagnateurs5. »
Le MIDADE continue de s’engager avec les enfants et adolescents travailleurs, il renforce par cette occasion sa collaboration avec le Bureau International du Travail qu’ainsi qu’avec d’autres O.N.G. déjà actives sur le terrain.
4 Statuts votés à la RI de Santiago, juillet 2008
5 Doc du MIDADE
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Comme organisation structurée au niveau international, régional et national, le MIDADE fait connaître les actions transformatrices par les enfants eux-mêmes auprès des Nations-
Unies.
Autre point fort de l’action du MIDADE : sa participation active pour la reconnaissance des
Droits de l’Enfant. Dans certains pays les mouvements du MIDADE participent avec d’autres organisations à l’élaboration du contenu des droits de l’enfant en apportant les actions concrètes vécues par les enfants.
En ce début de troisième millénaire, les 2.500.000 enfants du MIDADE veulent que leur mouvement s’engage d’une manière plus active dans la construction de la Paix dans chaque pays où il est présent.
En 2003 le MIDADE s’est engagé envers les enfants à bâtir un avenir de paix et à leur donner la possibilité d’être acteurs de cette paix, de croire en leurs capacités à l’édifier.
La rencontre internationale en Juillet 2008, au Chili, confirme le rôle du MIDADE, comme acteur dans la Société et dans l’Eglise d’aujourd’hui en s’engageant sur les points suivants :
1 - Participation et protagonisme des enfants
Le protagonisme des enfants et leur participation à la prise de décision à la hauteur de leurs capacités, à tous les niveaux, famille, école, quartier sont un défi permanent pour le
MIDADE. Il s’agit de faire que les enfants prennent de plus en plus la parole dans le mouvement, y compris au niveau international, que les enfants prennent la parole dans la société (parlements d’enfants) et dans l’Eglise (conseils diocésains). Il s’agit de poursuivre une participation active des enfants pour qu’ils soient eux-mêmes porte-parole, à tous les niveaux, local, national, international.
2 - Consolider le « vivre ensemble » et reconnaître les diversités comme richesses
Les diversités sont souvent perçues comme des limites à la communication entre les personnes. Elles sont parfois l’objet de manipulation et sont facteurs de conflits entre les personnes, entre des peuples différents. Les enfants en sont les premières victimes.
L’intolérance développée par les adultes est parfois transmise aux enfants.
Le MIDADE croit que « vivre les diversités » est une exigence pour construire la Paix.
La manière de concevoir notre approche de la diversité a pour point de départ le commandement de l’amour. Elle s’appuie sur le commandement de Dieu : « tu aimeraston prochain comme toi même ». Nous sommes invités à découvrir l’autre, à le respecter, à recevoir de lui, et à œuvrer pour que tous soient respectés quelle que soit la culture, la religion, l’origine sociale ou familiale…
Pour cela, et parce que le non respect peut aller contre le principe de base du droit à la
vie, et à « une vie en abondance », nous, dans le MIDADE nous voulons œuvrer à la diversité.
3 - La construction de la paix
En voulant vivre la diversité, le MIDADE met en place dans son action pédagogique une culture de la Paix. Pour le MIDADE, les enfants sont en première ligne. Il estessentiel à l’âge de l’enfance d’acquérir des repères qui guideront et orienteront les actesde la vie de l’enfance à l’adulte. Le MIDADE a un rôle immense à jouer y compris dans ladimension spirituelle et morale.
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4 - La convention des droits de l’enfant
La défense des Droits de l’enfant a toujours été une priorité pour le MIDADE.
En 2009, ce sera le 20ème anniversaire de la convention relative aux droits des enfants : une occasion de porter la voix des enfants au niveau international et à tous les niveaux (régional, national). Au delà de ce 20ème anniversaire nous voulons que les enfants soient acteurs pour le respect de leurs droits : sujet central pour les 6 années à venir.
5 - Témoigner de la mission d’évangélisation du MIDADE
Une mission sans laquelle le MIDADE n’existerait pas. Le mouvement est reconnu par le Conseil Pontifical pour les Laïcs, et. à la demande du Secrétariat d’Etat, il a reformulé ses statuts. En approuvant les nouveaux statuts lors de la rencontre Internationale de Santiago, le MIDADE, par l’intermédiaire des mouvements nationaux, a voulu manifester la place de l’enfant dans l’évangélisation.
Pour Conclure.
Les acteurs du MIDADE sont les enfants, le mouvement propose aux enfants une pédagogie pour qu’ils soient acteurs de leur vie, qu’ils mènent des projets, des actions pour améliorer leur vie et celle des enfants qui les entourent, qu’ils fassent reconnaître leurs droits et les défendent, qu’ils expriment leurs points de vue sur les questions qui les concernent. Cette pédagogie est adaptée aux conditions de vie vécues par les enfants, à leur culture…
Pour le MIDADE, une conviction profonde : c’est à partir d’actions concrètes, en prenant part, à leur manière, à l’amélioration de leur vie et de celle de leur entourage, en exprimant leurs points de vue, leurs avis que les enfants se forment et sont « acteurs de la société mondiale » d’aujourd’hui et se préparent à l’être demain.
Plessis - Robinson 2009